Troubles du goût et perte de poids au cours du cancer

PREMIER RISQUE A EVITER : LA DENUTRITION AU COURS DU CANCER
TROUBLES DU GOUT ET PERTE DE POIDS
Perte de poids et Cancer
Le cancer et ses traitements peuvent faire perdre du poids.
En effet, l’appétit est souvent diminué alors que l’organisme a besoin de plus d’énergie que d’habitude pour affronter la maladie et poursuivre le traitement dans les meilleures conditions possibles.

Depuis le diagnostic et tout au long du traitement, il convient d’être vigilant face à un risque de dénutrition.

La dénutrition s’installe lorsque les besoins nutritionnels de l’organisme ne sont plus couverts par les apports alimentaires et entraine en particulier une perte de masse musculaire.
On constate alors une perte de poids, parfois très importante.
Une perte de poids supérieure à 5 % du poids habituel en un mois, ou supérieure à 10 % du poids habituel en six mois est considérée comme importante et doit être traitée. C’est un phénomène fréquent au cours de la maladie cancéreuse ; on estime en effet que 40 à 80% des patients atteints d’un cancer sont dénutris.(1)
De plus, la dénutrition est souvent un facteur aggravant du pronostic.
Son importance est telle que le dépistage et la prise en charge de la dénutrition ont été reconnus comme priorité de santé publique (Plan National Nutrition Santé 2011-2015).

Comment s’installe la dénutrition ?

La dénutrition au cours du cancer peut s’installer de deux manières :
- lorsque les apports nutritionnels sont diminués par une perte d’appétit, une dépression, l’angoisse, des difficultés de déglutition, une compression ou obstruction du tube digestif par une tumeur, des effets indésirables des traitements anti-cancéreux (des troubles du goût, nausées, vomissements, aphtes et mucites…)

- lorsque les besoins nutritionnels sont augmentés en raison de l’inflammation chronique liée au cancer et de perturbations du métabolisme par des substances secrétées par la tumeur.

Pourquoi est-il important de traiter la dénutrition au cours d’un cancer ?

La dénutrition peut avoir des conséquences graves sur l’organisme et la qualité de vie du patient :
- perte de poids avec diminution de la force musculaire et de l’autonomie ;
- altération de la réponse immunitaire avec une augmentation du risque d’infections ;
- diminution de la tolérance aux traitements de radio ou chimiothérapie.

Ces effets peuvent compromettre la réalisation complète du traitement prévu et risquent ainsi d’en diminuer l’efficacité (par exemple par réduction des doses administrables, espacement entre les cures ou retardement de l’intervention chirurgicale).

(1)Hébuterne X et al. Prévalence de la dénutrition au cours du cancer : une enquête nationale un jour donné. Nutrition Clinique et Métabolisme 2006 ; 20 ; S86

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Les troubles du goût au cours du cancer

Chez 15 à 20% des patients cancéreux, les troubles du goût sont présents dès le diagnostic(1).
Au cours des traitements cette fréquence augmente, puisqu'un malade atteint d'un cancer sur deux déclare manger moins et avoir une modification du goût(2).
En effet, au cours des traitements, l’appétit et la perception des goûts et des odeurs peuvent être modifiés.
Un goût amer ou métallique des aliments peut être ressenti.
Ce changement de goût peut contribuer à une perte d'appétit.
Il n’est ainsi pas rare que les personnes mangent moins alors que les besoins énergétiques de l’organisme sont augmentés par la maladie et les traitements .
Les effets secondaires (nausées, vomissements, troubles du transit) qui accompagnent parfois la prise des médicaments contribuent également à aggraver ce déséquilibre.


Il faut compléter une alimentation insuffisante dès le début de la perte de poids, au cours des traitements et pendant la convalescence.



Comment corriger la dénutrition ?

Il est important de ne pas être dénutri pour améliorer la tolérance aux traitements qui ont été décidés par les médecins.
Si le diagnostic de dénutrition est établi, une prise en charge nutritionnelle doit être mise en place pour corriger les carences alimentaires et réduire le nombre de complications liées aux traitements.

Si l’enrichissement de l’alimentation n’est pas suffisamment efficace, le médecin peut prescrire des ADDFMS (Aliments Diététiques Destinés à des Fins Médicales Spéciales) communément appelés compléments nutritionnels oraux. Pour en savoir plus
Ce sont des concentrés d’énergie, de protéines, de vitamines et de minéraux qui ont été conçus pour compenser des apports alimentaires insuffisants et lutter ainsi contre la perte de poids.
Ils apportent à l’organisme, sous un faible volume et sous une forme facile à consommer,  les nutriments essentiels pour aider le patient à suivre ses traitements dans les meilleures conditions possibles.

Les compléments nutritionnels oraux se présentent sous différentes formes : liquides lactés ou fruités, crèmes dessert, soupes, purées, mixés et préparations céréalières à reconstituer…
Il existe une très grande variété de textures et de saveurs afin de permettre à chacun de choisir selon ses goûts.
Les compléments nutritionnels oraux constituent un moyen efficace pour apporter des nutriments en complément de l’alimentation habituelle. Ils ne doivent pas se substituer à celle-ci mais la compléter. Dans les situations de troubles digestifs les plus sévères leur concentration nutritionnelle permet, lorsque le patient a du mal à manger, d’assurer un apport nutritionnel minimal.

Dans le cas de nausées et vomissements,  il faut éviter toute situation pouvant provoquer les nausées, c'est-à-dire manger froid ou à température ambiante, manger des aliments secs riches en glucides (pain grillé- gâteaux secs), éviter les aliments gras, frits, trop sucrés ou trop assaisonnés et varier les goûts et les arômatisations.

En cas de diarrhée, il est conseillé de fractionner l’apport alimentaire, de boire régulièrement tout au long de la journée et d’éviter les stimulants digestifs : café, thé, chocolat, épices.

En cas de dysphagie*, la texture des aliments doit être adaptée aux capacités de déglutition du patient(3)  à l’aide d’une poudre épaississante, par exemple.

sources :
(1) Traité de nutrition clinique, SFNEP 2016, p622
(2) Hébuterne X et al, Nutrition Clinique et Métabolisme 2007; 21 (52) : 539.
(3) M.N. Falewee et Col. La nutrition dans la prise en charge des cancers ORL. Oncology 2009 ; 11 :128-132
Muscaritoli M. et Al. Prevention and treatment of cancers cachexia: new insight into an old problem. Euro. J. Cancer,2006; 42:31-41
* La dysphagie est un trouble qui affecte la capacité à avaler avec pour conséquence des «fausses routes» en ingérant des aliments trop liquides.

 

Date de publication 09/09/2016

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